Oui amis de Gallargues, si nous prenions le train ensemble, c’est dans l’air du temps, ça ne pollue pas trop et le train vous mène vers vos rêves. Les rêves qui nous font voir le futur ou le passé.
Oui prenons le train qui remonte le temps ; pas celui des grandes compagnies qui se concurrencent pour paraître plus libres. Pour notre train le billet est gratuit…
Le train qui remonte le temps, il peut vous conduire du centre du village de Gallargues au pont Ambroix, autrement appelé le pont romain. De Gallargues à Aigues Vives, de Gallargues à Lunel de Gallargues à Aimargues, de Gallargues à Vergèze, de Gallargues à Mus et Gallargues à Gallargues où vous êtes maintenant installés.
Vous connaissez nos arènes ? Et bien avec notre train qui remonte le temps, nous faisons un arrêt aux arènes, il y a1000 ans, notre train remonte le temps, donc arrêt au cimetière Saint Martin (vous l’avez compris, lieu de nos arènes d’aujourd’hui). Et ce lieu se trouve être au centre de l’ancien et du nouveau village, celui de la Vièle qui semble avoir bien vécu autour des années 1000, il y avait même une abbaye[1]. Vous imaginez une abbaye avec ses terres, ses vignes, ses chants, son organisation, mais voilà des gens qui travaillent « gratos » accumulent des richesses et les Seigneurs deviennent des saigneurs car ils ont besoin d’argent, c’est conflit assuré avec ceux qui travaillent pour une bouchée de pain. Les paysans, les nourrisseurs du lieu finalement. Ces manants s’opposent à tous les pouvoirs, de celui du roi à celui de l’abbé (ou abbesse en l’occurrence) [2], celui des seigneurs locaux. Ce sentiment, ils ne peuvent pas l’exprimer, mai il et bien là.
Ainsi aux temps modernes, au temps de la réforme, au temps de l’imprimeur Gutenberg, au temps des grands voyages de Christophe Colomb, au temps de ceux qui dénoncent les abus de la toute puissante Eglise Catholique et Romaine qui rivalisent avec nos rois, le village de Gallargues devient moins dépendant du pouvoir des seigneurs, avec la charte accordée par François 1er. Gallargues [3] est un village avec une maison communale. Gallargues suit ces prédicateurs modernes qui s’affranchissent de Rome. Alors vient le moment où il est demandé à Genève d’envoyer un pasteur à Gallargues, car le village s’est affranchit de l’EGLISE de Rome, la maison communale sert de temple (à moins que ce ne soit le temple qui soit maison communale), puisque 90% du village adopte la Réforme, la religion prétendue réformée comme elle sera appelée par le pouvoir royal qui affirme : « un roi, un pays, une religion ». Allez ! Aux galères ceux qui ne souscrivent pas à la formule. Le voyage de rêve fait moins rêver mais c’est ainsi que tous les anciens de Gallargues ont quelque part un protestant dans leur arbre généalogique.
Alors notre train nous conduit à cette maison communale ou maison des consuls pour faire un petit raccourci dans notre course, ou temple, mais voilà, après la trêve de l’Edit du bon roi Henri IV[4], qui nous permettait une halte paisible viendra quelques 250 années plus tard le roi Soleil[5] qui plus que jamais voulait s’approprier la formule « un roi, un pays, une religion » et fini la halte paisible, fini la maison communale /temple, le vieux temple est rasé, ainsi en a décidé sa majesté[6].
Mais voilà, ils sont coriaces les Gallarguois, rappelez vous plus de 90% des habitants étaient protestants, donc pas d’accord avec le pouvoir qui les persécutait, cependant l’ensemble des habitants étaient loyalistes et auraient souhaité juste vivre en paix comme ils le souhaitaient. Alors certains habitants abjurent c'est-à-dire rentrent dans le giron de l’Eglise catholique, certains ont peur, certains veulent vivre en paix, le politique et plus fort que le religieux.
Fini la halte du temple, fini les pasteurs. Détail de l’Histoire, le premier pasteur de Gallargues et d’Aigues Vives : Paul Chepas Theremin a un descendant qui a également été pasteur au moment de la Révocation de l’Edit de Nantes. Son « train » a eu la forme d’une charrette avec femme et sept enfants ; il a trouvé refuge à Berlin[7]…. Les haltes devaient prendre la forme de cauchemars plus que de rêves, car de Gallargues à Berlin avec les dragons du roi prêts, au mieux, à envoyer tout le monde aux Galères, à pieds avec ses enfants, impossible à imaginer.
Alors où se situait cette station devenue fantôme, ce premier temple dit vieux temple ? Et bien presque à la même distance du cimetière Saint Martin (les arènes) et le nouveau village, près des halles.
Bien sûr notre train est un train de rêve alors au fil des stations à remonter le temps, il y a des histoires à raconter….
A Gallargues, c’est à la fin du 17ème siècle que les Rochemore font construire leur château au sommet du village, près du site de l’ancien château, derrière la tour royale, pas mieux pour notre halte de rêve.
Une nouvelle maison communale est construite sur la place du Codoulie vers 1760 sous l’ancienne tour royale. Le château des Rochemaure symbolise une forme de richesse que nos Gallarguois n’apprécient pas tous, vraiment. Alors à la Révolution, plus exactement le 1er avril 1792 et ce n’est pas une farce, le château flambe[8], les esprits s’échauffent et rien ne va.
Pendant la période révolutionnaire plus question de lieux de cultes, plus de halte ni pour le train de rêve, ni pour le train spirituel, mais il reste les nostalgiques d’une halte.
Alors en 1802, une certain Napoléon, après avoir été consul, devient Empereur. En 1802, il a fait ami-ami avec le pape, mais c’et quand même lui qui pose sa couronne d’empereur sur sa tête, il établit un concordat avec Rome et surtout il fait rédiger les articles organiques afin de mettre fin aux tensions religieuses.[9]
A Gallargues, une nouvelle halte va pouvoir voir le jour, mais avant, les ruines du château sont décrétés biens nationaux et le 2 mars 1794[10], ces biens sont vendus aux enchères. Il semble que les ruines aient été convoitées par plusieurs acquéreurs. C’est finalement Monsieur Julien Favery, entrepreneur en maçonnerie qui va exploiter les ruines du château comme une vulgaire carrière.
Nos protestants cependant veulent un lieu de culte, un temple, une halte spirituelle, alors monsieur Thomas Burnett[11], maire de Gallargues de 1803 à 1808 rachète les restes des ruines du château et en fait don à la mairie pour construire un temple pour les protestants de Gallargues qui sont encore et malgré les persécutions du siècle précédent encore deux fois plus nombreux que les catholiques dans ce village. Une halte de rêve.
Cette halte de rêve est un rêve devenu réalité en plusieurs étapes, il semble que la première fut de 1813 à 1815, mais c’est plus de 30 ans après, que le temple deviendra temple, une halte symbolique.
La présidente du conseil presbytéral de l’Eglise protestante Unie de France à Gallargues le Montueux
Bienvenue aux nouveaux gallarguois ! Rassemblement protestant à Mialet le dimanche 3 septembre 2023.
[1] RIVALS Georges, histoire de Gallargues le Montueux, Paris, le livre d’histoire, édition 2002 P.36 ;
[2] MOREAU Marthe , L'Âge d'or des religieuses - Monastères féminins du Languedoc méditerranéen au Moyen âge, Montpellier, Nouvelles presses du Languedoc, 1996.
[3] RIVALS Georges, histoire de Gallargues le Montueux, Paris, le livre d’histoire, édition 2002 P 66..
[4] L’édit de Nantes est un édit de tolérance promulgué en avril 1598 par le roi de France Henri IV, pour mettre fin aux guerres de Religion qui ravageaient le royaume de France depuis 1562, https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89dit_de_Nantes, consulté le 5 aout 2023.
[5] Louis XIV.
[6] Révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV en 1685.
[7] BONIFA Aimé – RUM Horsta, Les huguenots à Berlin et en Brandebourg, Paris, les Editions de Paris, 2000-
[8] ATGER Bernard, des pierres et des hommes, le temple qui cache un château, Brignon, 2017, p71.
[9] https://www.herodote.net/8_avril_1802-evenement-18020408.php, consulté le 8 aout 2023.
[10] A.D. 30 Q 55
[11] Burnet Thomas, (1734-1824), negociant ecossais, venu s’etablir en France est maire de Gallargues en